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Le Haut Conseil du Climat a publié le 28 juin son rapport annuel "Acter l'urgence, engager les moyens", extraits
Nous tenons à saluer le formidable travail effectué par le Haut Conseil du Climat qui a publié son rapport annuel le 28 juin dernier.
Nous en avons sélectionné quelques passages qui nous semblent importants :
“Les politiques alimentaires, climatiques et nutritionnelles doivent être mieux articulées. Les mesures concernant la réduction des émissions des élevages doivent être accompagnées de mesures sur la demande et sur l'offre alimentaire, afin d'éviter qu'elles ne soient affaiblies par les importations de viande de l'industrie, de la grande distribution et de la restauration hors foyer.” (page 11)
“Les mesures mises en place visent à soutenir l’optimisation des leviers techniques et l’accélération de l’innovation, mais sans accompagnement global des agriculteurs dans la transition ce qui rend ces mesures peu structurantes. [...] La dimension des leviers techniques agronomiques n’est pas suffisante pour conduire le changement nécessaire au sein des exploitations.
Les choix des pratiques agronomiques bas-carbone sont soutenus mais sans évolution structurelle. [...] Dans le cadre des aides financières apportées principalement par le [Plan Stratégique National], ces mesures ne sont pas à l’échelle pour accélérer la baisse des émissions et l’adaptation au changement climatique.” (p.111)
“En 2019, l’empreinte carbone de l’alimentation des Français [...] représente 25 % de l’empreinte carbone totale de la France. [...] Cette empreinte est liée pour 45 % aux importations et 55 % aux émissions territoriales. Ces importations ont connu une hausse importante depuis 1995 qui contrebalance les baisses d’émissions de la production agricole intérieure.” (P.112)
➡️ Le rapport du HCC montre que des efforts sont faits dans le secteur de l'agriculture et de l'alimentation, mais qu'ils ne sont pas assez structurants et pas à l'échelle
➡️ Grignon est un lieu où l'on peut tester, démontrer et passer à l'échelle les pratiques et techniques qui permettent de conjuguer la production agricole, le respect de nos objectifs d'émissions de GES et l'attention portée au vivant dont nous dépendons...
➡️ ...ainsi qu'un lieu où pourront se tenir les nécessaires débats sur cette indispensable transition de nos systèmes agricoles et alimentaires.
Pour consulter le rapport dans son intégralité, c’est par ici : https://shorturl.at/myzN6
D'autres extraits :
P. 8 :
[Emissions territoriales] Le secteur des transports est le premier secteur émetteur (32 % des émissions en 2022), suivi des secteurs de l’agriculture (19 %), de l’industrie (18 %), des bâtiments (16 %), de la transformation d’énergie (11 %), et des déchets (4 %). Les puits de carbone du secteur utilisation des terres (UTCATF) contrebalancent 4 % des émissions brutes. Les émissions territoriales sont composées à 76 % de CO2, 15 % de CH4 , 6 % de N2O et 3 % de gaz fluorés en 2021.
Les émissions de l’agriculture, non estimées dans les données préliminaires, ont diminué en 2021 par rapport à 2020, mais cette diminution est plus que compensée par une dégradation des puits de carbone du secteur UTCATF.
Dans le secteur de l’agriculture, les émissions ont diminué de 2,2 % en 2021 par rapport à 2020, une baisse qui s’explique en majeure partie par le recul du cheptel bovin résultant des conditions socio-éco- nomiques et non des stratégies bas-carbone du secteur. Cette baisse de 1,7 Mt éqCO 2 se concentre dans les secteurs de l’élevage (-1,1 Mt éqCO 2) et des engins, moteurs et chaudières (-0,6 Mt éqCO2). Elle s’explique par la poursuite du recul du cheptel bovin résultant des conditions socio-économiques difficiles du secteur, et par la baisse de la consommation de produits pétro- liers raffinés. Les émissions des cultures ne baissent que de 0,1 Mt éqCO2, malgré une baisse significative de l’utilisation d’engrais minéraux azotés (voir chapitre 3.1).
Quelques sous-secteurs et indicateurs structurels soutenus par des politiques climatiques avancent nettement plus vite que prévu. Parmi ceux-ci, les plus structurants incluent : [...] La hausse des surfaces en protéagineux dans l’agricultureQuatre sous-secteurs avancent plus vite que prévu à cause de facteurs conjoncturels. Ils nécessitent des accompagnements afin de préserver les baisses en GES tout en limitant les impacts socio-économiques sur ces secteurs:
- La baisse des émissions de l’élevage, en partie due à une diminution du cheptel bovin résultant des conditions socio-économiques du secteur. [...]
- L’utilisation des engrais minéraux, dont le prix a fortement augmenté suite à la guerre en Ukraine.
La stratégie en matière d'agriculture est concrétisée dans différents plans y compris le Plan Stratégique National (PSN) et la stratégie nationale protéines végétales, mais elle manque d’ambition, en particulier pour l’élevage et le machinisme agricole. La loi d’orientation et d’avenir agricole, en cours de consultation, est attendue notamment pour renforcer l’ambition climatique du secteur.
[Freins et leviers] Pour le secteur de l’agriculture, différentes mesures visent à soutenir des efforts sur l’optimi- sation de leviers techniques et sur la filière en aval mais des risques majeurs apparaissent du fait du caractère ponctuel de ces mesures empê- chant un accompagnement global dans la transition.
[Suivi des émissions et appréciation du cadre d'action publique par secteur]
Les émissions de l’agriculture ont diminué de 1,7 Mt éqCO2 en 2021 par rapport à 2020, pour atteindre 76,5 Mt éqCO2 (18,4 % des émissions nationales). Du fait du changement des valeurs de pouvoir de réchauffement global du CH4 et du N2O dans le dernier inventaire du Citepa, la part de l’élevage dans les émissions du secteur a été revue à la hausse (59,6 % des émissions du secteur en 2021), alors que celle des cultures a été revue à la baisse (27,1 % des émissions du secteur). La baisse des émissions du secteur se concentre dans l’élevage (-1,1 Mt éqCO2) et dans l’utilisation d’énergie (-0,6 Mt éqCO2). Les émissions du secteur sont 9,8 % au-dessous de leur niveau de 2005.Les émissions annuelles moyennes de l’agriculture sur la période 2019-2021 sont inférieures au budget carbone indicatif défini par la SNBC 2 pour la période. La baisse des émissions de l’élevage résulte de la diminution de la taille du cheptel bovin provoquée par les conditions socio-économiques difficiles du secteur et non d'une stratégie concertée pour réduire les émis- sions de gaz à effet de serre. Pour les cultures, la baisse de l’utilisation d’engrais azotés miné- raux découle en 2021 de la forte augmentation de leurs prix. La surface cultivée en protéagineux, qui permeent de fixer l’azote de l’air dans les sols, a augmenté.Le rythme de réduction des émissions de l’agriculture devra s’accélérer pour anticiper les nouveaux objectifs du Fit for 55 pour 2030. Les choix du gouvernement sur la répartition de l’effort entre secteurs auront une incidence majeure sur les objectifs de ce secteur. Ils impliqueront, selon le scénario retenu, une hausse allant de 25 % à une multiplication par 3 du rythme de 2019-2021, soit respectivement une baisse 1,3 Mt éqCO 2 par an ou 3,7 Mt éqCO 2 par an, comparé à 1,1 Mt éqCO 2 par an sur la période 2019-2021.Les émissions résiduelles de la France en 2050 proviendront majoritairement du secteur de l’agriculture, en étant contrebalancées par les puits de carbone du secteur UTCATF. La baisse déjà constatée des puits de carbone du secteur UTCATF implique donc des efforts supplémen- taires pour le secteur agricole de réductions d’émissions ou d’augmentation des absorptions des gaz à effet de serre, par exemple via une augmentation du stockage de carbone dans les sols.La stratégie en matière d'agriculture est concrétisée dans différents plans y compris le Plan Stratégique National (PSN) de la Politique agricole commune (PAC) qui détermine les soutiens financiers que les agriculteurs peuvent recevoir en fonction de leurs pratiques. La principale limite réside dans le faible niveau d’ambition des mesures face aux objectifs climatiques et dans l’absence de perspective d’ensemble pour l’avenir de l’élevage. La loi d’orientation et d’avenir agricole en cours d'élaboration doit comporter des orientations fortes pour la résilience aux chan- gements climatiques et pour la transition bas carbone de l’agriculture. La transition du secteur requiert une vision intégrée du système alimentaire, alignée avec les objectifs d’adaptation et de production territoriale bas-carbone, et juste.Des efforts sont consacrés à l’optimisation des leviers techniques et à l’accélération de l’inno- vation, mais sans accompagnement global des agriculteurs dans la transition ce qui rend ces mesures peu structurantes. Les choix des pratiques agronomiques bas-carbone sont soutenus par le label national bas-carbone mais sans évolution structurelle. Les politiques alimentaires, climatiques et nutritionnelles doivent être mieux articulées. Les mesures visant la demande et la baisse de la consommation de viande doivent être accompagnées de mesures sur l'offre afin d'éviter qu'elles ne soient affaiblies par les importations de viande de l'industrie, de la grande distribution et de la restauration hors foyer.
Les mesures mises en place visent à soutenir l’optimisation des leviers techniques et l’accélération de l’innovation, mais sans accompagnement global des agriculteurs dans la transition ce qui rend ces mesures peu structurantes. Les plans d’investisse- ment nationaux France 2030 soutiennent l’innovation et de nouvelles technologies (dont le numérique en agriculture, la robotique et le machinisme, les méthodes avancées de sélection génétique végétale) qui ont un potentiel pour l’adaptation et l’aénuation des émissions sans être toutefois dédiés à ces enjeux. Le développement de l’innovation est soutenu par l’État, mais pour des gains de productivité et d’effi- cience plus que pour des enjeux climatiques. La dimension des leviers techniques agronomiques n’est pas suffisante pour conduire le changement nécessaire au sein des exploitations.Les choix des pratiques agronomiques bas-carbone sont soutenus mais sans évolution structurelle. Ces pratiques sont soutenues par exemple pour le développe- ment des protéines végétales à travers les programmes opérationnels du PSN et la stratégie pour les protéines végétales, la conditionnalité du PSN, l’écorégime ou les MAEC. Dans le cadre des aides financières apportées principalement par le PSN, ces mesures ne sont pas à l’échelle pour accélérer la baisse des émissions et l’adaptation au changement climatique.Le lien entre alimentation, nutrition et climat doit viser davantage de cohérence. La Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), pourrait apporter un cadre important de mise en cohé- rence entre ces enjeux. Son déploiement permerait de faciliter les politiques climatiques en agriculture et alimentation et leurs co-bénéfices pour la santé publique (par exemple, en ce qui concerne la consommation modérée de viande rouge et de charcuterie, qui est recommandée par le Plan national nutrition santé). Par ailleurs, une dimension territoriale existe à travers les PAT (Projets Alimentaires Territoriaux), sans que ces derniers ne soient suffisamment structurés vis-à-vis de leurs effets climatiques, ce que permettrait cette stratégie
En 2019, l’empreinte carbone de l’alimentation des Français est deux fois plus élevée que les émissions territoriales du secteur de l’agriculture, et représente 25 % de l’empreinte carbone totale de la France. L’empreinte carbone est estimée à 153 Mt éqCO2 en 2019. La part de l’alimentation dans l’empreinte (25 %) est ainsi plus élevée que celle de l’agriculture dans les émissions territoriales (19 %). Cee empreinte est liée pour 45 % aux importations et 55 % aux émissions territoriales. Ces importations ont connu une hausse importante depuis 1995 qui contrebalance les baisses d’émissions de la production agricole intérieure.