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Déjeuner fondateur avec nos partenaires à l'Hôtel de Poulpry
Mercredi 15 novembre, nous avons réuni au sein des salons de l’hôtel de Poulpry à Paris un grand nombre de nos partenaires pour faire le point sur le projet Grignon Campus. Nous avons fait état des dernières avancées et permis à celles et ceux avec qui nous échangeons depuis plusieurs mois de se rencontrer et de découvrir l'ambition partagée que nous portons pour Grignon.
Après l'accueil de nos invitées et invités autour d’un verre, Georges d'Andlau, co-président de Grignon 2000, a débuté le déjeuner en remerciant les convives pour leur présence, et a rappelé le cadre de ce repas. La présentation et les interventions se sont ensuite déroulées pendant tout le déjeuner.
Origines de Grignon et présentation de l’association Grignon 2000 aujourd’hui
Rémi Gaultier, salarié de l’association, commence par rappeler les origines collectives de l’Institution Royale Agronomique, fruit de la réunion des efforts de plus d’une soixantaine d’acteurs influents de la haute société de l’époque de la Restauration: agronomes, scientifiques, industriels mais aussi députés, sénateurs, ministres, hauts-gradés de l’armée, hommes de lettres, famille royale ou de la noblesse...
Seule la conjonction entre une volonté politique forte et affirmée en faveur du renouveau de l’agriculture par le roi Charles X et une volonté de nombreuses communautés professionnelles, scientifiques et politiques intéressées par cette vision a pu permettre que, deux siècles plus tard, cette école soit toujours la première française, aujourd’hui connue sous le nom de AgroParisTech.
Il présente ensuite l’association Grignon 2000, de ses origines autour de la tempête Lothar de 1999 à son travail actuel mené depuis plusieurs années pour refonder Grignon en assemblant des communautés (agros et amis de Grignon, acteurs professionnels, partenaires économiques et opérateurs...).
Elle bénéficie d’une équipe de 4 salariés à temps plein et d’un écosystème de conseil bénévole regroupant des expertises diverses (entrepreneuriat, finance, environnement...).
Le financement de l’association, de son travail et de ses équipes, est assuré depuis trois ans par des dons et cotisations ainsi que par le mécénat de quelques personnes, avec au premier chef Hervé Lecesne, co-président de l’association présent ce jour.
Nécessité de la mise en place du projet Grignon Campus
Marlène Stickel, également salariée de l’association, présente par la suite les grandes lignes du projet Grignon Campus. Après un bref rappel du contexte d’urgence écologique dans lequel nous nous trouvons à l’heure actuelle, elle fait état de Grignon comme étant le lieu idéal pour répondre de manière systémique et coordonnée aux questions d’atténuation et d’adaptation des dérèglements climatiques ou de l’effondrement de la biodiversité. A travers son histoire agronomique et son patrimoine naturel et bâti, le campus est en effet en mesure d’héberger 4 grandes activités complémentaires: éducation, méditation, innovation et formation.
Afin d’illustrer la pertinence de Grignon comme lieu propice et nécessaire à l’innovation, Yacine Kabèche de la start-up Circul’egg ainsi que Hugo Dupuis de AgriLife soulignent tous les deux le besoin criant de lieux franciliens permettant d’accueillir des start-ups traitant de questions agroalimentaires, à travers leur expérience personnelle mais également de nombreux retours d’entrepreneurs éprouvant les plus grandes difficultés à trouver un lieu aux normes agroalimentaires actuelles qui leur permette de produire leurs premiers kilos de produit.
Fonctionnement général de Grignon Campus et motivation des partenaires
Suite au témoignage de MM. Kabèche et Dupuis, Mathieu Baron, délégué général de Grignon 2000, présente dans le détail le modèle de gouvernance proposé par le projet Grignon Campus.
Celui-ci repose sur la création d’une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif).
Cette forme de société permet de faire travailler ensemble les multiples parties prenantes intéressées au futur du domaine, en organisant une gouvernance par collèges qui permet d’associer investisseurs publics et investisseurs privés (la partie privée étant majoritaire).
Titulaire d’un bail emphytéotique conclu avec l’État qui resterait propriétaire du domaine, la SCIC serait l’organisme unique de gestion du domaine, gérant les investissements et les parties communes, percevant les loyers et redevances des quatre business units qui prennent place au sein du campus.
Directement et immédiatement concerné par le devenir du campus, Laurent Rosso, directeur de l’institut technique Terres Inovia et de Terres Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales, prend la parole. Il rappelle qu’aujourd’hui les équipes de Terres Inovia, institut technique spécialiste des oléoprotéagineux, sont seules sur le campus, que le déménagement des équipes d’AgroParisTech et de l’INRAE a privé de son écosystème scientifique et technique.
Il réaffirme le besoin d’investir rapidement le campus afin de permettre de créer de nouvelles synergies, notamment avec les start-ups et la ferme expérimentale d’AgroParisTech voisine. Désireux d’avancer de manière efficace, M. Rosso mentionne le besoin d’organiser des réunions multilatérales entre les différents opérateurs de Grignon Campus, a fortiori entre les business units afin de s’assurer que l’ensemble fonctionne bien en écosystème et non en silo.
C’est ensuite Olivier Clyti, directeur de la stratégie, de l’innovation, de la R&D et du digital de la coopérative InVivo qui prend la parole. Il commence par excuser l’absence de dernière minute de Thierry Blandinières, directeur général de la coopérative qu’il représentait ce jour.
M. Clyti souhaite tout d’abord rebondir sur les questions d’innovation soulevées par le monde des start-ups, en rappelant que l’innovation n’avait pas lieu qu’au sein de celles-ci. Il appuie la volonté de voir un écosystème scientifique et technique investir le site de Grignon, afin de faire vivre la “troisième voie de l’agriculture” chère à InVivo. Des équipes de la coopérative pourraient venir s’installer sur le domaine à terme.
Clémentine Privat, directrice du développement de Sodexo Live!, intervient ensuite. Elle salue une fois encore un projet crédible et équilibré, travaillé avec Sodexo Live! depuis plus de trois ans, et dans lequel ceux-ci investissent à hauteur de 1,5M€. Branche prestige et évènementielle du groupe Sodexo, la marque travaille sur le projet Grignon Campus en tant qu’opératrice pour la business unit hôtel/séminaires qui occupera plusieurs des monuments historiques du campus, à commencer par le château. Elle note que la réception du jour avait lieu à l’hôtel de Poulpry (maison des polytechniciens), un lieu faisant partie de la trentaine d’établissements gérés par Sodexo Live!.
A sa suite, Margaux Germain, responsable développement du pôle hôtellerie de Vinci Immobilier, salue à son tour un beau projet travaillé depuis plusieurs années, et se déclare également en attente du feu vert de la part des autorités.
Gouvernance de la SCIC
Marlène Stickel reprend la parole pour détailler les principaux collèges de la SCIC. La communauté des agros et amis de Grignon regrouperait différents collèges: organisations du monde agricole et entreprises, grand public, fondateurs...
Au sein du collège “grand public”, un statut spécial est envisagé pour la fondation AgroParisTech, qui jouerait un rôle d’arbitre et de garante de l’intérêt général. La SCIC s’appuie également sur différents conseils.
Pour illustrer la position de la future fondation AgroParisTech, Olivier Guize intervient en tant que membre fondateur de celle-ci. Il applaudit la constance et la ténacité dont fait preuve l’association Grignon 2000 afin d’aboutir à la mise en place d’un projet au service de l’intérêt général, et met en lumière l’alignement plus favorable que jamais de l’ensemble des acteurs du dossier pour mettre en place le projet Grignon Campus, notamment au sein de l’écosystème AgroParisTech (école, association alumni et fondation).
Suite à un détail sur la place du collège des collectivités publiques, trois représentants du département des Yvelines donnent des précisions sur leur concours. Maxime Rabasté, directeur général adjoint au développement et à l’aménagement durable, confirment l’intérêt du département à investir dans le projet Grignon Campus. Bien que des difficultés conjoncturelles liées à la baisse des frais de mutation limitent cette année leurs capacités d’investissement, M. Rabasté affiche clairement l’intention du département de se positionner comme la collectivité leader sur le sujet.
Sophie Danlos, directrice de l’environnement, abonde en soulignant son souhait de voir naitre ce campus de la transition écologique des systèmes agricoles et alimentaires, et la nécessité pour que celui-ci advienne de travailler en synergie entre l’ensemble des acteurs.
Est également présente à leurs côtés Murielle André-Pinard, directrice de projets montages financiers du département, qui a étudié en détail le business plan du projet Grignon Campus aux côté des équipes de l’association tout au long de l’été.
Financement de de la SCIC
Mathieu Baron reprend la parole pour présenter le montage financier, en fonds propres et en emprunts, pour chaque business unit.
Il est à noter qu’au total, 39% des fonds participent à la rénovation du patrimoine, ce qui permet d’accéder à des sources de financement particuliers, potentiellement défiscalisables.
La proposition de répartition des besoins en fonds propres se profile de la manière suivante:
- Communauté des agros et amis de Grignon: 9M€
- Collectivités territoriales: 8M€
- Banque des territoires: 4M€
En ce qui concerne le financement par les agros et amis de Grignon, la campagne de souscription menée en 2021 avait permis de montrer que les intentions d’investissement des membres de la communauté s’élevaient au total à hauteur de 12M€.
Point sur l’actualité de Grignon et de l’association Grignon 2000
Enfin, la situation actuelle est abordée. Grignon a récemment été témoin d’un regain d’intérêt de la part des pouvoirs publics. Une mission conjointe du CGAAER (Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, dépendant du ministère de l’Agriculture) et de l’IGF (Insepction Générale des Finances, dépendant du ministère de l’Économie) a été ce mois-ci mise en place, chargée d’évaluer les futurs possibles du domaine. L’association Grignon 2000 est identifiée comme un des acteurs importants du dossier, et sera à ce titre auditionnée à la fin du mois de novembre, tandis que la mission doit rendre son rapport d’ici la fin de l’année.
A court et moyen terme, le plan que propose de suivre l’association pour mener à bien le projet Grignon Campus avec ses partenaires est le suivant:
- Négocier avec l’Etat
- Proposer un pacte pionnier
- Faire vivre des projets
Les négociations à venir avec l’État, toujours propriétaire du domaine, sont de haute importance. Afin de permettre des investissements orientés sur le projet et non sur le foncier, mais également pour assurer la vocation d’intérêt général du domaine ainsi que la possibilité qu’il serve des politiques publiques contribuant à la transition des systèmes alimentaires, il est fait mention de la nécessité de mettre en place un bail emphytéotique qui puisse permettre à la SCIC et aux investisseurs de se projeter sereinement sur le temps long.
Afin de permettre une poursuite sereine du projet, un appel est lancé. D’une part, il faudra réunir de la part de la communauté des agros et amis de Grignon (personnes physiques et morales) 9M d’euros pour investir en fonds propres comme indiqué. Dans l’intervalle, l’association a besoin de continuer à vivre pour animer la construction et la mise en place du projet, comme elle le fait depuis plusieurs années. Il s’agit d’un besoin de sponsoring de l’ordre de 250 000€, qui permette le maintien de l’équipe salariée en place ainsi que la poursuite des projets déjà engagés:
- Travail sur des séjours découverte de l’agriculture sans préjugés à destination des jeunes
- Organisation de voyages d’études sur l’agriculture française à destination de grandes universités américaines
- Dépôt d’un dossier AMI “Démonstrateur territorial des transitions agricoles et alimentaires”
- Tenue d’évènements grands publics à forte visibilité (conférences, débats, ex. en mai 2023 avec Jean-Marc Jancovici et Anaïs Voy-Gillis).
En 2024, le souhait est de passer d’un modèle de financement 50% adhésions / 50% mécénat à un modèle 33% adhésions / 33% mécénat / 33% entreprises. Il faut de nouveaux mécènes et des entreprises qui permettent l’amorçage du projet en parallèle des négociations avec l’État.
Antoine Baschiera (RaiseLab) pose la question de la temporalité de ces trois objectifs et des leviers à activer en priorité.
Conclusion et fin de l’évènement
Gérard Boivin, habitant de la commune de Thiverval-Grignon, affirme qu’il soutient le projet à titre personnel et qu’il allait tâcher d’intéresser le groupe Bel (dont il est l’ancien président) au sujet.
Pour conclure, Nadine Gohard, maire de Thiverval-Grignon, demande une fois de plus aux pouvoirs publics une action rapide devant un domaine qui, inoccupé, ne peut que se dégrader et être squatté illégalement. Elle rappelle qu’elle dispose du pouvoir sur le PLU de la commune, et qu’elle n’entend éventuellement modifier celui-ci que pour le seul et unique projet porté par l’association Grignon 2000, qui a toute sa confiance et celle de ses administrés.
Elle souhaite pour finir donner la parole à Dominique Tristant, également habitant de la commune et directeur de la ferme expérimentale d’AgroParisTech. Celle-ci possède une part importante de ses terres au sein du domaine, et elles sont nécessaires à son équilibre. M. Tristant affirme qu’AgroParisTech s’intéresse de nouveau au futur de Grignon, et rappelle qu’une décision rapide serait également bénéfique pour l’école, étant donné le coût important des charges d’entretien, de chauffage et de gardiennage du domaine vide qui pèsent sur les finances.
Dernière prise de parole avant les discussions informelles et libres du café, Jean-Baptiste Millard, délégué général de Agridées, montre les complémentarités entre le travail fourni par l’association Grignon 2000 et le think-tank de l’agriculture qu’il coordonne. Tout en mettant en lumière un partenariat déjà bien établi (communication, évènementiel...), il appelle à sa poursuite tant Grignon sera une terre idéale pour le développement des activités d’Agridées.
Après cela, tous les participantes et participants du déjeuner sont une nouvelle fois remerciés par Mathieu Baron, et des échanges prometteurs entre tous les acteurs se sont poursuivis au fur et à mesure des départs de la salle et des remerciements enthousiastes de chacune et chacun.